«Gestion de fortune et prévoyance sont les secteurs porteurs»
novembre 27, 2024Hervé Broch, président de la direction de la banque Raiffeisen Région Genève Rhône
Hervé Broch porte différentes casquettes distinctes au sein du Groupe Raiffeisen et il importe de les différencier en tout début d’entretien. Sur le plan national, il est président du comité spécialisé «Produits et services d’investissement». Au niveau régional,
il est coprésident de la Fédération genevoise des Banques Raiffeisen et au niveau local, il est président de la direction de la Banque Raiffeisen Région Genève Rhône. C’est avant tout à ce titre que le dirigeant répond à nos questions lors de ce long entretien. Il faut aussi mentionner dans le parcours professionnel d’Hervé Broch, dont le profil est particulièrement intéressant, qu’il assume le rôle de président du Servette FC. Quoique très occupé par ces multiples tâches, le quasi-quinquagénaire a joué le jeu des questions réponses avec une grande aisance en décrivant notamment les défis de «sa» Banque, qui fait partie de la Fédération genevoise, laquelle fête cette année son 100e anniversaire.
PdM: Hervé Broch, vous cumulez plusieurs mandats et votre personne est bien connue à Genève. Comment résumer votre position ?
Hervé Broch: En résumé, je travaille pour Raiffeisen depuis douze ans, après en avoir passé treize chez UBS. Hormis mes responsabilités au sein du Groupe Raiffeisen, je suis membre du conseil de la FERD (Fondation pour l’entretien, la reconstruction et le développement du village d’Aigues-Vertes), société sœur de la Fondation Aigues-Vertes (laquelle accompagne les personnes adultes vivant avec une déficience intellectuelle) et administrateur président d’un groupe actif dans la construction. Sans oublier la présidence du Servette FC, évidemment.
Quel est votre style de management ?
Au sein de ma Banque (Raiffeisen Région Genève Rhône), nous prônons le management participatif. À ce titre, j’apprécie la latitude que me laisse mon conseil d’administration et j’en fais de même avec mes collaborateurs. La prise d’initiatives de collègues engagés à tous les échelons représente à mon avis le facteur déterminant pour le bon fonctionnement d’une structure comme la nôtre. Je considère que le corolaire de cette philosophie de travail se trouve dans le droit à l’erreur à donner aux collaborateurs.
Vous faites partie du Groupe depuis douze ans, pourriez-vous nous décrire en quelques mots les structures et entités genevoise et suisses de Raiffeisen, soit une banque unique en son genre.
Le Groupe Raiffeisen représente la deuxième force bancaire du pays et la première banque retail. Il dispose effectivement d’un modèle d’affaires unique sur le marché bancaire suisse: la forme coopérative (découvrir les chiffres et d’autres informations dans nos encadrés). Le Groupe compte plus de 2 millions de sociétaires et 3,71 millions de clientes et clients. En ce qui concerne l’organisation, Raiffeisen compte 218 Banques coopératives indépendantes (779 agences) et trois Banques (18 agences) dans le canton de Genève.
Les fédérations sont nombreuses !
Les Banques Raiffeisen se sont regroupées en 21 fédérations régionales, organisées en associations. Les fédérations assurent une fonction de liaison entre Raiffeisen Suisse et les différentes Banques Raiffeisen. Elles assurent également la représentation des intérêts des Banques Raiffeisen vis-à-vis des associations économiques cantonales et des autorités, la coordination des activités publicitaires régionales ainsi que l’organisation de formations pour les Banques Raiffeisen. J’ai d’ailleurs rejoint le conseil de l’ISFB (Institut supérieur de formation bancaire) et celui de Fondation Genève Place Financière cette année pour représenter notre fédération. Je siège au conseil de ces deux institutions et je dois dire que j’ai été accueilli très chaleureusement par les membres car le Groupe Raiffeisen est devenu un acteur incontournable du secteur bancaire.
Quel est le poids de Genève dans cette structure ?
Au niveau genevois, nous sommes 210 collaborateurs répartis dans trois banques. Le bilan se monte à 7 milliards de francs. Nous fêtons cette année notre 100e anniversaire et nous espérons accueillir prochainement notre 100 000e client.
Hervé Broch est président de la direction de Raiffeisen Région Genève Rhône, coprésident de la Fédération genevoise des Banques Raiffeisen ainsi que président du comité spécialisé Produits et services d’investissement (national).
Depuis l’été 2024, Hervé Broch préside aussi le conseil d’administration du Servette FC 1890. Il est membre du conseil de l’ISFB – Institut supérieur de formation bancaire – et de la Fondation Genève Place Financière. Auparavant, Hervé Broch a assumé des responsabilités auprès d’UBS durant treize années.
Décrivez-nous votre arrivée en tant que président de la direction de la Banque Raiffeisen Région Genève Rhône, les choses qui ont changé depuis lors ainsi que vos défis.
Mon arrivée s’est inscrite dans un esprit de continuité afin de prendre mes marques et de mieux comprendre les valeurs du Groupe. Par la suite, j’ai pu apprécier une des différences fondamentales qui font le succès du Groupe Raiffeisen. Je suis passé de cadre dans une grande banque à entrepreneur. Chez mon employeur précédent, les ambitions et la stratégie étaient établies par d’autres que moi et il fallait les suivre. Il est important de comprendre que dans le Groupe Raiffeisen, chacune des 218 Banques Raiffeisen établit sa propre vision dans la voie tracée par le groupe. La stratégie est décidée localement par la direction et le conseil d’administration de chaque coopérative. Penser, créer, innover, concrétiser sont devenus des mots que j’utilise tous les jours.
On l’a compris, vos clients sont également souvent des sociétaires, qu’est-ce que cela signifie ?
Les sociétaires sont les copropriétaires des Banques Raiffeisen et ils bénéficient tous d’une seule voix de vote. À ce titre, ils peuvent participer directement au destin de leur Banque. Notre relation avec nos sociétaires est excellente car, en général, ils partagent nos valeurs. Nous sommes concentrés sur le marché suisse et ne cherchons pas à maximiser nos bénéfices ou notre croissance à tout prix. La majorité de notre bénéfice est thésaurisée (90% environ à l’échelle du Groupe), c’est-à-dire que les fonds restent au sein du groupe et sont affectés aux réserves des Banques, ce qui les rend sûres et bien capitalisées.
Est-il possible de dresser le profil type d’un client genevois de Raiffeisen ?
Je n’apprécie pas de parler de profil type car chaque client a des besoins différents. C’est notamment pour cette raison que nous connaissons une forte croissance depuis dix ans, grâce à notre capacité à proposer un service spécifique à chacun d’entre eux.
Quels sont les secteurs d’affaires porteurs à Genève pour la banque et, par extension, ceux qu’il faut développer ?
En ce qui concerne la clientèle privée, la gestion de fortune et la prévoyance sont les deux secteurs porteurs que nous avons très fortement développés et qui recèlent encore un gros potentiel. C’est valable également pour la clientèle commerciale que nous servons de manière globale depuis plus de dix ans. Notre approche durable et globale permet d’apporter une réponse appropriée à toutes les demandes.
Genève propose de nombreux établissements de gestion ou d’autres activités, comment se démarquer ?
Raiffeisen est active à Genève depuis cent ans avec des valeurs coopératives fortes: proximité, esprit d’entreprise, crédibilité et durabilité. Historiquement, nous étions plutôt implantés dans les campagnes. Depuis quelques années, nous sommes également présents en ville pour permettre à chacun de bénéficier de nos prestations. Avec une part de marché qui avoisine les 10%, nous détenons encore un gros potentiel. Notre réseau est en plein développement avec 18 agences et 39 bancomats. Les trois Banques Raiffeisen genevoises continuent à investir dans les infrastructures, mais aussi dans les solutions numériques pour favoriser la proximité avec leur clientèle. Le système coopératif nous permet un développement fort et continu depuis des années et l’organisation est décentralisée; nos trois Banques installées dans le canton sont indépendantes. Cela signifie que les décisions sont prises sur place, au niveau local, via des circuits décisionnels courts.
Comment proposer des services d’e-banking attrayants face à l’arrivée des néo-banques ?
Pour être compétitives face aux néo-banques et aux acteurs numériques, nous investissons des sommes importantes chaque année dans nos solutions digitales. Nous pensons que la banque doit être «phygitale», c’est-à-dire qu’elle doit proposer des services physiques et digitaux. Nous pouvons accompagner de manière globale et sur le long terme nos clients en fonction de leurs besoins. Pour une banque de détail comme Raiffeisen, la digitalisation est donc une chance. Elle permet en effet d’offrir de meilleures prestations et des processus plus efficaces, ce qui laisse plus de temps à consacrer au conseil personnalisé. La banque du futur fait le lien entre les technologies et les personnes.
La Fédération a fêté son centenaire
La Fédération genevoise des Banques Raiffeisen fête son centenaire en 2024. Diverses actions et promotions sont proposées aux près de 100 000 clients et quelque 50 000 sociétaires du canton durant l’année.
Une manifestation dédiée à l’ensemble des collaboratrices et collaborateurs a été l’occasion de se rassembler et de partager des moments forts en septembre, notamment.
En ce qui concerne ces collaborateurs et collaboratrices, leur nombre a augmenté à Genève (soit sept personnes de plus) pour renforcer les équipes de conseil. L’objectif étant de continuer à investir dans la proximité avec la clientèle, explique la Banque dans un communiqué
Le sponsoring de la Banque semble important.
Les Banques Raiffeisen sont très sollicitées. Nous avons d’ailleurs implémenté une nouvelle solution informatique pour permettre à nos clients de nous faire leur demande de soutien. Le Groupe a aussi créé, en 2016, héroslocaux.ch. C’est une plateforme de crowdfunding qui ne prélève pas de frais et qui permet de financer des projets. Par ce biais, 43 millions de francs ont déjà été levés.
Quelle est votre analyse du domaine bancaire suisse et de son évolution récente ?
La fin des taux d’intérêt négatifs a signifié un retour à la normale pour les banques. La récente baisse des taux pèse sur les résultats des établissements financiers et la situation va probablement se complexifier en fonction des nouvelles normes réglementaires actuellement discutées. Les Banques Raiffeisen genevoises ont toutes les cartes en main pour répondre à ces défis. Il me paraît cependant important d’apporter des réponses cohérentes aux problèmes et de ne pas simplement augmenter la réglementation globalement car, à la fin, le risque est d’alourdir inutilement les processus au détriment des clients.
Quelles sont les conséquences de la reprise de Credit Suisse par UBS ?
La place bancaire s’est rapidement adaptée à la nouvelle situation. Toutefois, ce thème va occuper encore longtemps le monde politique. La proximité au niveau régional sera encore plus déterminante à l’avenir. Les Banques Raiffeisen genevoises bénéficient ici d’un grand avantage avec leur ancrage local fort et historique. Notre croissance constante démontre que nos valeurs et notre professionnalisme sont plus que jamais d’actualité. Notre capacité d’innovation nous permet finalement d’apporter une solution à tous et nos clients apprécient que nous puissions répondre à chacun de leurs besoins.
Cap des 7 milliards de bilan dépassé à Genève
Les Banques Raiffeisen genevoises ont conclu un très bon premier semestre 2024 marqué par le renforcement de leur position sur le marché cantonal. Leur somme de bilan passe pour la première fois le cap des 7 milliards de francs. Tous les postes de produits sont en hausse. «Ces très bons résultats montrent clairement que le développement des services aux entreprises et des prestations de prévoyance et de placements, sur lesquels nous avons mis l’accent ces dernières années, porte ses fruits. Même après l’exercice exceptionnel de l’an dernier, nous avons réussi à maintenir la croissance dans tous les domaines d’activité», a relevé Hervé Broch.
Les Banques Raiffeisen genevoises ont réalisé un bénéfice de 6,4 millions de francs, en progression de 31% par rapport à la même période de l’année précédente. À l’actif du bilan, le volume des créances hypothécaires passe le cap des 5 milliards de francs, en croissance de 2,4%.