La technologie au service d’une prévoyance individualisée

La technologie au service d’une prévoyance individualisée

décembre 4, 2025 Non Par Edouard Bolleter

Point de Mire: Pourquoi PensExpert s’intéresse-t-elle au lien entre intelligence artificielle (IA) et prévoyance?

Edric Speckert: Depuis vingt-cinq ans, notre mission est d’offrir plus de marge de manœuvre et de transparence à nos assurés. L’IA s’inscrit naturellement dans cette logique: elle permet d’analyser des volumes de données considérables et d’en extraire des informations utiles pour chaque individu. Elle n’a pas vocation à remplacer le conseiller, mais à rendre la prévoyance plus simple, plus fluide et mieux adaptée aux parcours de vie réels.

L’étude HSG identifie sept domaines dans lesquels l’IA pourrait transformer la prévoyance. Lesquels vous paraissent les plus prometteurs?

L’automatisation et l’efficacité administrative offrent sans doute un fort potentiel, mais l’essentiel est ailleurs: l’IA peut soutenir l’ensemble du processus de conseil et de transfert de connaissances. Elle aide à rendre des sujets complexes plus accessibles et favorise des échanges plus personnalisés entre conseillers et assurés. L’objectif n’est pas de remplacer l’humain, mais d’améliorer la qualité du conseil à travers la technologie. C’est là que réside la véritable valeur ajoutée.

La prévoyance devient-elle ainsi plus dynamique?

Oui, car la technologie et le conseil humain évoluent de plus en plus main dans la main. Les analyses et simulations basées sur l’IA permettent de mieux comprendre sa situation de prévoyance et de visualiser différentes options. Mais le dialogue personnel demeure essentiel: l’expertise humaine est complétée, non remplacée, par les outils numériques. La prévoyance gagne ainsi en flexibilité, en efficacité et en proximité avec les besoins des assurés.

Quels sont, concrètement, les bénéfices pour les employeurs et les institutions?

Une gestion plus efficiente, des coûts réduits et une meilleure communication avec les collaborateurs. Pour les caisses et fondations, l’IA peut simplifier la conformité réglementaire, accélérer les processus et renforcer la transparence. C’est un levier de qualité autant que de productivité.

Selon vous, dans quels domaines les premières applications sont-elles possibles?

D’abord dans la gestion administrative, où les processus peuvent être simplifiés sans risque. Mais les progrès les plus intéressants concernent la simulation et le conseil prédictif: des outils capables de modéliser les conséquences d’une décision – un congé sabbatique, un changement de taux d’occupation, un retrait partiel – et d’en montrer l’impact sur la rente future.

La Suisse est-elle bien positionnée pour adopter ces innovations dans la prévoyance?

Oui, car notre système est décentralisé et orienté vers la responsabilité individuelle, ce qui favorise l’expérimentation. Il faut néanmoins un cadre clair: transparence des algorithmes, respect de la confidentialité et gouvernance des données. Si ces conditions sont réunies, la Suisse pourra devenir un modèle d’intégration intelligente de l’IA dans la prévoyance.

Certains redoutent une «déshumanisation» du conseil. Qu’en pensez-vous?

C’est l’inverse: la technologie libère du temps pour le conseil humain. Les tâches répétitives ou administratives peuvent être prises en charge par des outils intelligents, ce qui permet aux spécialistes de se concentrer sur ce qui compte: comprendre les besoins, les émotions et les projets de vie. Chez PensExpert, nous croyons profondément à ce modèle hybride.

Les jeunes générations semblent plus réceptives aux outils numériques. Cela peut-il aussi raviver leur intérêt pour la prévoyance?

Oui, clairement. Beaucoup de jeunes adultes se sentent éloignés du sujet, car la prévoyance leur paraît abstraite. Or, l’IA peut rendre cette thématique tangible, ludique et interactive – par exemple grâce à des applications de simulation ou à des tableaux de bord intuitifs. C’est aussi un bon moyen de dynamiser la responsabilité individuelle dès le début de la vie professionnelle.

Comment cette évolution s’inscrit-elle dans la vision de PensExpert?

Depuis nos débuts, nous défendons l’idée d’une prévoyance choisie plutôt que subie. L’IA joue en faveur de cette approche: elle donne à chacun plus de visibilité, plus de contrôle et plus d’autonomie. En somme, elle permet de prolonger notre mission initiale avec de nouveaux moyens.

Et demain?

Je pense que nous allons vers une prévoyance beaucoup plus interactive: les assurés suivront leurs avoirs et leurs options de manière intuitive, un peu comme on suit aujourd’hui son budget ou sa santé sur une application. Si nous arrivons à conjuguer technologie, pédagogie et confiance, nous passerons alors un vrai cap vers une prévoyance individualisée et participative.endant des décennies, la gestion de fortune suisse a bâti sa réputation sur la discrétion, la stabilité et le service rendu à une élite mondiale. Ce modèle a fait de la place financière helvétique une référence internationale. Pourtant, à l’aube de 2025, il montre ses limites. Le monde change, les fortunes se diversifient et une évidence s’impose: la croissance de demain ne viendra pas uniquement des ultra-riches, mais aussi de cette vaste zone intermédiaire de clients à haut potentiel que le secteur ignore encore trop souvent.