Financer la transition énergétique: une mission vitale pour notre planète et les générations futures
novembre 28, 2024Jean-Francis Dusch
CIO
Infrastructure Debt, Bridge
Edmond de Rothschild Asset Management
Shirley Chojnacki
Head of Energy Infrastructure Debt investments, Bridge
Edmond de Rothschild Asset Management
Il y a cinq ans à peine, des interrogations subsistaient sur l’intention de financer la transition énergétique et environnementale: ces ambitions étaient-elles un simple effet de mode ou motivées par des discours démagogiques ? Aujourd’hui, elles sont devenues une réalité, un besoin indéniable, une mission vitale et fondamentale pour notre planète et pour les générations futures. L’impulsion en faveur d’une réduction des émissions est soutenue par des initiatives et cadres réglementaires tels que Net Zero, la taxonomie européenne, la Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR) ou Fit for 55, entre autres. Un trilemme énergétique reste au cœur des décisions de nombreux décideurs politiques: fournir une énergie à faible teneur en carbone, abordable et sécurisée, tout en garantissant leur souveraineté énergétique. Des investissements massifs visant à développer, financer, construire et exploiter de nouvelles infrastructures seront donc nécessaires afin d’atteindre ces objectifs. Ces montants atteindront globalement des trilliards d’euros au cours de la décennie actuelle. En Europe, Fit for 55, qui vise une réduction de 55% des émissions de CO2 d’ici à 2030, nécessitera d’investir 700 milliards d’euros chaque année dans de nouveaux projets d’infrastructure pour accélérer la transition énergétique.
Des flux de capitaux significatifs
Ces projets requièrent des flux de capitaux d’une ampleur similaire, auxquels les investisseurs institutionnels peuvent contribuer de manière significative et décisive. Au cours des dernières années, les gestionnaires d’actifs sont parvenus à convaincre un nombre croissant d’institutionnels de réaliser des investissements significatifs dans le domaine de la transition énergétique, en construisant des portefeuilles diversifiés d’actions et de dettes dans un cadre de risque spécifique. Les plus avancés auront généralement anticipé et intégré la directive SFDR/Taxonomie européenne, entrée en vigueur officiellement en mars 2021. Celle-ci a eu un impact majeur sur la recherche, la sélection, l’analyse détaillée, la structuration, le suivi et le reporting des outils de financement de projets sous-jacents. Avant tout, cela nous offre l’opportunité d’être innovants, engagés et très disciplinés dans notre contribution au développement de projets essentiels pour la préservation de notre planète et de l’environnement, la création d’emplois et le soutien à l’économie.
Bien que la transition énergétique et environnementale soit plus étroitement associée aux énergies renouvelables, les transports (mobilité verte), les services publics (modernisation et sortie progressive des matières premières fossiles), les infrastructures numériques et sociales (efficacité énergétique) font également partie intégrante de la transition et offrent un large univers d’investissement. La transition énergétique, par exemple, favorisera le développement et l’adoption de nouvelles technologies dites «de deuxième génération». En conséquence, une large gamme de sous-secteurs et de technologies évoluent ou émergent, comme notamment: les parcs éoliens flottants en mer, les systèmes de stockage d’énergie par batterie (BESS), la biomasse (permettant des réductions substantielles des émissions de CO2 dans les services publics ou les industries lourdes), les mini-centrales hydroélectriques, le biogaz et les biocarburants, l’hydrogène vert, les systèmes de flexibilité du réseau demand-side response (DSR) ou encore la géothermie.
Le rôle des investisseurs
Financer ces actifs est essentiel si nous voulons soutenir les politiques des pays développés et émergents souhaitant transformer leur mix énergétique, en réduisant considérablement leur utilisation de ressources fossiles et en maximisant la part des énergies plus vertes.
Au cours des dernières années, notre plateforme de dette d’infrastructure a financé avec succès des projets dans le secteur de l’énergie à travers l’Europe. Les uns sont traditionnels: éolien, solaire et biomasse et les autres sont pionniers: biogaz, récupération d’énergie carbonée (méthane), liquéfaction de biogaz, centrale de stockage par batteries, hydroélectricité ou flexibilité du réseau. Les investisseurs institutionnels et les gestionnaires d’actifs ont un rôle essentiel à jouer dans cette transformation qui exige humilité et réalisme. Soutenus dans leur approche par des réformes réglementaires, les investisseurs institutionnels ont intégré les défis et les opportunités associés à la transition énergétique. Dans le cadre de la directive Solvabilité II, les autorités réglementaires ont introduit des mesures pour soutenir l’investissement, y compris pour la dette d’infrastructure. La réglementation SFDR est clé et figure à l’ordre du jour de tous les investisseurs institutionnels.
Dans le sillage d’Edmond de Rothschild AM, nous avons rejoint l’initiative Net Zero Asset Managers (NZAM) en mai 2023 et nous sommes engagés à soutenir l’objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici à 2050, en ligne avec les efforts mondiaux pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Notre plateforme de dette d’infrastructure est depuis longtemps un précurseur en matière de développement durable et responsable. À ce titre, notre engagement envers NZAM est une évolution naturelle de notre parcours de décarbonisation. Il est à la fois réconfortant et prometteur que les dirigeants politiques, les autorités réglementaires, les développeurs et opérateurs d’infrastructures, les financeurs publics et privés aient aligné leurs intérêts et leurs actions pour accélérer cette si importante transition énergétique et environnementale.