Le climat d’affaires est favorable, mais des défis sont à venir

Le climat d’affaires est favorable, mais des défis sont à venir

décembre 10, 2024 Non Par Invité(e)s

Vincent Subilia
Directeur général
Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG)

Selon l’Enquête conjoncturelle d’automne de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG), l’année 2024 se révèle plutôt positive pour la majorité des entreprises genevoises. En effet, pour trois quarts d’entre elles, la marche des affaires est jugée satisfaisante ou bonne. Cette tendance est encore plus marquée parmi les entreprises de plus de 30 collaborateurs, dont 86% se déclarent satisfaites de leur activité. Cependant, l’industrie contraste fortement, avec 36% des répondants annonçant une situation difficile qui pourrait même se dégrader davantage au-delà de six mois (38,5% des entreprises anticipant une situation mauvaise ou médiocre).

Les entreprises continuent d’embaucher, mais la tendance est à la baisse

En matière de recrutement, 29% des entreprises sondées ont procédé à des embauches en 2024. Pour l’année en cours, l’industrie se distingue par un contraste fort, avec des augmentations (35%) et des baisses (19%) de l’effectif supérieures à la moyenne.

Ces données confirment une dynamique positive pour l’emploi, bien que certains secteurs se montrent prudents ou éprouvent des difficultés à engager du personnel. En effet, l’année prochaine, les recrutements devraient légèrement marquer le pas; le nombre d’entreprises prévoyant d’embaucher est en recul de six points pour s’établir à 23%. La semaine de 40 heures s’impose chez 59% des entreprises et le temps partiel est à la hausse, représentant 34% de l’effectif des répondants.

Hausse des salaires réels en 2024 et prévisions pour 2025

En moyenne, les salaires ont progressé de 1,8%, soit davantage que l’inflation de 1,2% projetée pour 2024. Deux tiers des entreprises sondées ont accordé une augmentation cette année. Les salaires réels devraient encore plus fortement monter en 2025 grâce à une hausse moyenne des rémunérations stable (1,6%) et une inflation en fort recul (0,7%). Fin 2023, 60% des entreprises ont versé un 13e salaire et/ou une gratification.

Concernant les investissements, un tiers des répondants en prévoient dans les douze prochains mois (stable comparé à 2023). Le montant cumulé des investissements, qui était très élevé ces douze derniers mois, devrait toutefois reculer de 19%.

Suisse-UE: les bilatérales et la libre circulation

L’Union européenne occupe une place centrale pour les entreprises genevoises, qui identifient l’UE comme leur principal partenaire commercial, avec plus de 40% d’entre elles indiquant que leur chiffre d’affaires en dépend directement. Les accords bilatéraux sont la pierre angulaire de cette relation selon les entreprises: 54% d’entre elles en tirent un bilan positif contre 9% qui y voient un effet négatif. La perspective d’une prochaine signature des accords bilatéraux III est par ailleurs accueillie favorablement par deux tiers des répondants, qui anticipent un effet bénéfique pour l’économie suisse.

La libre circulation des personnes est indispensable pour 71% des entreprises sondées, et 68% emploient des collaborateurs de l’UE. En cas de restriction à l’embauche, 44% des entreprises déclarent envisager de renoncer à des projets, tandis que 37% songent à sous-traiter à l’étranger ou à délocaliser.

Si la libre circulation des personnes est plébiscitée par les entreprises genevoises, ce n’est de loin pas le seul accord important: les entreprises sondées placent la recherche et la formation (55%) et l’électricité (44%) en tête des priorités dans les relations entre la Suisse et l’UE.

Diversification vers d’autres marchés

Si l’association avec l’UE demeure incontournable, trois quarts des entreprises interrogées souhaitent que la Suisse renforce ses relations commerciales avec d’autres partenaires. Les trois marchés à renforcer en priorité sont les États-Unis (51%), la Chine (41%) et l’Inde (37%).

Les éléments considérés comme les plus importants pour un accord de libre-échange sont l’allégement de la charge administrative (68%), suivi de la protection contre le dumping social et environnemental (45%) et de la protection de la propriété intellectuelle (35%). Les entreprises souhaitent donc avant tout des relations simplifiées, prévisibles et équilibrées.

Note: L’Enquête conjoncturelle de la CCIG a été réalisée entre le 28 août et le 10 octobre 2024, en collaboration avec les Chambres latines de commerce et d’industrie (CLCI). À Genève, 347 entreprises représentant plus de 26 000 emplois dans le canton ont répondu à l’enquête.