L’inclusion de la femme dans le monde du travail comme moteur de croissance économique et de la finance
novembre 14, 2021Anton Sussland
Founder & Managing Partner
Sussland & Co SA
Alors que l’année 2021, l’année des 50 ans du droit de vote de la femme en Suisse, est sur le point de se terminer, il convient de cesser les commémorations de cette date importante et de se tourner vers le futur.
Bien que l’établissement de projections futures soit toujours un exercice difficile à réaliser, il y a des points de départ qui sont connus. Premièrement, les avancées technologiques vont continuer à s’accélérer et pourraient davantage creuser le fossé entre ceux qui maîtrisent ces technologies et les autres.
Deuxièmement, l’évolution démographique de bon nombre de pays développés va être un frein important à toute croissance, et un problème central pour le financement des retraites et le bien-être de nos seniors, dont les besoins d’assistance vont augmenter.
Une meilleure inclusion de la femme dans le monde économique est une des clés pour résoudre ces problèmes. Bien que les pouvoirs publics et les entreprises affichent un soutien à la cause des femmes, les progrès réalisés sont insuffisants.
Les filles sont aussi curieuses que les garçons, mais différemment. Les jeunes femmes sont tout aussi douées que les jeunes hommes en informatique ou en sciences, si on les intéresse à ces sujets. Les femmes sont tout aussi capables d’être de bons managers, dirigeants d’entreprise, ou créateurs de start-up que les hommes.
Malheureusement, notre modèle sociétal actuel n’est pas fait pour aider les femmes. Les préjugés et autres stéréotypes poussent les femmes vers les métiers à connotation sociale, mais pas vers les sciences. Le faible nombre d’étudiantes en sciences dans nos universités ou écoles polytechniques n’est pas acceptable.
Le monde du travail n’offre pas une structure adéquate pour permettre à une femme de concilier un rôle de mère et des ambitions justifiées d’évolution de carrière. En effet, outre le fait que les structures pour accueillir les enfants en pré-scolarité sont insuffisantes et trop chères, les entreprises n’ont ni l’habitude, ni les structures pour (re)former et mettre à niveau des femmes qui seraient passées par une période de travail à temps partiel, voire d’arrêt du travail, pour s’occuper de leur(s) enfant(s). En effet, le monde du travail préfère engager des gens tout de suite opérationnels que de donner une chance à des personnes motivées pour se réintégrer professionnellement.
Malheureusement, les ressources humaines considèrent que la carrière se doit d’être linéaire et sans « trous » dans le parcours professionnel. La quantité de travail effectué prime sur la qualité du travail. Autrement dit, une femme qui travaille à temps partiel n’aura aucune chance d’occuper un poste à responsabilités car on lui dira que ce type de postes requiert un temps d’occupation à 100 %. C’est évidemment un mode de pensée qui est aussi faux qu’anachronique. En réalité, aucun poste de travail, aussi important soit-il, ne requiert un temps de travail de 100 %.
Aux Etats-Unis, on a vu bon nombre de sociétés avoir des co-CEO. En Suisse, comme partout dans le monde, tout poste à responsabilités pourrait être partagé entre deux personnes à temps partiel qui fonctionneraient en binôme, avec les avantages de contrôle des risques que l’on n’a pas avec un seul dirigeant.
Il faut le répéter : la femme joue un rôle crucial dans la société et le monde du travail.
Dans une famille, la mère est un modèle pour les enfants. En améliorant l’inclusion de la femme dans le monde du travail, et notamment dans les postes à responsabilités, on luttera de manière efficace contre les préjugés encore omniprésents.
Dans le monde du travail, la femme a une appréciation différente de l’homme en matière d’évaluation des risques et des relations interpersonnelles. Ainsi inclure des femmes à des postes à responsabilités peut aider les entreprises à éviter de prendre des risques excessifs ou à mieux gérer ces risques. En effet, on sait que dans des situations de stress, les hommes ont tendance à prendre des décisions qui vont augmenter les risques, alors que les femmes ont tendance à faire l’inverse.
L’objectif de fixer des quotas de femmes dans le monde du travail n’est pas la bonne solution. Et nommer une ou plusieurs femmes à des postes à responsabilités, comme outil marketing, est une pratique que l’on voit malheureusement fréquemment aujourd’hui. Les solutions pour une meilleure inclusion de la femme dans le monde du travail sont connues.
Premièrement, avoir un enfant est un droit et pas un luxe. Les autorités publiques doivent mettre en place des structures d’accueil pour les enfants préscolaires en quantité suffisante et à des coûts abordables.
Deuxièmement, il faut intéresser les femmes aux filières techniques dès l’entrée dans la scolarité obligatoire.
Troisièmement, le monde du travail doit avoir pour but d’engager et de (re)former des femmes qui ont quitté le monde du travail, ou fait le choix d’un emploi à temps partiel pour élever leur enfant.
De plus, le monde du travail doit mettre en place un système dans lequel, au lieu d’avoir un poste avec un responsable à 100 %, il y a un binôme, pourquoi pas avec deux personnes à temps partiel.
En conclusion, le jour où une femme, travaillant à temps partiel et ayant un ou plusieurs enfants, sera co-CEO d’une société suisse incluse dans l’indice suisse des plus grandes valeurs, on pourra véritablement parler de réussite.
Jusque-là, la lutte pour l’inclusion des femmes dans l’économie continue !
Anton Sussland
Founder & Managing Partner
Sussland & Co SA
Titulaire du diplôme fédéral d’expert-comptable et du diplôme fédéral d’analyste financier et gestionnaire de
fortune, Anton Sussland est fondateur de la société Sussland & Co S.A. Cette société est active dans la gestion de fortune et l’asset management et a mis en œuvre une gestion d’actifs où les critères d’inclusion des femmes et de diversité sur la place de travail font partie intégrante du processus de sélection des titres. Dans ce cadre Sussland & Co, gère des mandats et des produits financiers avec actions de sociétés mondiales promouvant l’inclusion et la diversité dans le monde du travail. La société offre des services de conseils en investissement aux particuliers et aux intermédiaires financiers.