Yves de Montmollin, CEO de la Banque Bonhôte & Cie SA

Yves de Montmollin, CEO de la Banque Bonhôte & Cie SA

février 29, 2024 Non Par Edouard Bolleter

«Notre cœur de métier est le client suisse, en Suisse.»

Fondée à Neuchâtel en 1815, la Banque Bonhôte & Cie SA est une banque privée suisse incontournable dans son canton et fort renommée dans le reste de la Suisse en raison de sa longue tradition de compétence dans la gestion de fortune et financière, sa vocation exclusive. En ce début d’année 2024, et au terme de sa première décennie en tant que CEO de l’établissement, Yves de Montmollin a reçu Point de Mire au sein des magnifiques murs de la banque, au bord du lac de Neuchâtel. La taille humaine et l’expansion contrôlée de Bonhôte sont revendiquées par le dirigeant qui met en avant les relations privilégiées avec les clients, fondées sur la confiance et sur la qualité des services de la Banque. Il nous explique aussi les ambitions, l’indépendance et la stabilité des activités de cette institution de plus de 100 collaborateurs, unique en Suisse romande. 

PdM: Monsieur de Montmollin, vous êtes arrivé en 2004 dans la Banque avant d’en prendre la direction en 2014. Quel fut votre parcours auparavant?

Yves de Montmollin: J’ai fait partie du cabinet du Conseiller fédéral Villiger lorsqu’il était président de la Confédération puis je suis devenu un collaborateur du Conseiller fédéral Ogi lors de la période de traitement des fonds en déshérence. L’opportunité m’a ensuite été offerte de pénétrer le monde de la banque en tant que sous-directeur à la Banque privée Edmond de Rothschild SA pour laquelle j’ai travaillé de 1998 à 2004. En 2004, je rejoins la Banque Bonhôte & Cie SA, pour en devenir le directeur général en 2014.

Vous êtes donc revenu sur vos terres d’origine, parce qu’on a fait appel à vous…

Oui, il faut savoir que l’industrie bancaire est très peu développée à Neuchâtel, les parcours de la diaspora financière du canton sont donc suivis de près par les responsables locaux.

L’histoire de la Banque Bonhôte est intéressante à plus d’un titre. Comment la résumer?

L’établissement est né il y a plus de deux siècles. En 1815, Louis Petitmaître crée la première banque privée de Neuchâtel. En 1872, son fils Louis prend sa suite. En 1895, le caissier de ce dernier et un certain Paul Bonhôte s’associent pour ouvrir la Banque Antenen Bonhôte & Cie qui devient, en 1903, la Banque Bonhôte & Cie. En 1936, Claude Bonhôte succède à son père. Il dirige la Banque jusqu’en 1988, où il la cède à un holding financier et industriel local. En 1992, Jean Berthoud, avec quelques proches, lui rend son caractère d’établissement privé en reprenant la totalité du capital. Dès cette date, il assume la direction générale de la banque avant de devenir président du conseil d’administration.

L’actionnariat est donc stable

Le capital est à 100% en mains privées. Il s’agit de Jean Berthoud qui est le principal actionnaire, de quelques familles du canton, ainsi que des membres du management et de la direction de la banque et d’anciens administrateurs.

«La sécurité du droit suisse et la garantie de la propriété ont été mises à mal.»

Quels sont les avantages de cette formule actionnariale?

L’indépendance et la stabilité sont des qualités que nous revendiquons. Nous travaillons aussi sur la durée et nous investissons dans notre outil de travail. Le fait que le capital soit privé engendre également une prise de risque moindre. Et je pense que la clientèle vient nous trouver car elle retrouve l’esprit et la logique des banquiers privés suisse d’il y a cinquante ans.

À ce sujet, quel est le profil de votre clientèle?

C’est une clientèle domestique avec laquelle nous avons des rapports horizontaux. Nous travaillons avec des profils internationaux, mais notre cœur de métier est le client suisse, en Suisse. Les entrepreneurs et les PME font partie de nos priorités, raison pour laquelle la banque s’est implantée dans le tissu économique du bassin jurassien, jusqu’à Soleure. Des succursales ont également été ouvertes à Genève, Lausanne, Berne, Bienne afin de nous rapprocher de nos clients. À Zurich, nous avons racheté un family office avec statut de banque. Nous y visons une clientèle très fortunée.

Une spécificité de la banque veut qu’elle gère des comptes dans d’autres banques. Quel est ce concept?

En faisant l’acquisition du family office Private Client Partners (PCP), nous avons également pu compléter notre offre de services avec une plateforme de consolidation d’actifs «multibanques»; les risques liés à la conservation peuvent être minimisés. Nous avons des relations avec plus de 15 banques dépositaires, ce qui permet aux clients de déposer leurs actifs auprès de différentes banques tout en s’assurant qu’ils sont gérés de manière centralisée.

Les ouvertures de succursales vont-elles continuer?

La masse critique doit être augmentée si l’on désire ouvrir de nouvelles succursales. Mais nous sommes acheteurs d’établissements d’asset management ou de gérants indépendants à qui nous proposons déjà un service indépendant de dépôt et de gestion.

La croissance de l’établissement est-elle chiffrée?

Nous revendiquons une croissance solide et maîtrisée. Nous engageons chaque année des collaborateurs et nos actifs sous gestion sont en progression constante avec une hausse moyenne de 7% par an depuis dix ans.

Et quelle est votre philosophie de gestion?

Du fait de son implantation, la Banque Bonhôte a su cultiver une philosophie autonome et originale à l’écart du conformisme des grandes places financières. Elle offre ainsi une alternative intéressante dans l’univers de la gestion de fortune.

Pourriez-vous préciser ces alternatives?

Nous voulons offrir un conseil adapté dans la gestion de fortune en prenant en compte les situations familiales et professionnelles. Nous abordons par exemple les questions d’ordre fiscal ou successoral en privilégiant une stratégie de long terme. Nos priorités sont, avant tout, de préserver le capital puis de le faire croître: c’est dans l’ADN de notre maison. Nous croyons fermement aux vertus d’une gestion personnalisée et active qui, associée à des stratégies alternatives, permet de réduire la volatilité des portefeuilles. Pour ce faire, nos clients peuvent nous déléguer des mandats de gestion ou travailler conjointement avec leur conseiller pour déterminer leurs choix d’investissements. Nous proposons également des mandats en investissements responsables prenant en compte les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) des sociétés composant le portefeuille.

La Banque Bonhôte s’est profilée très tôt dans des initiatives ESG…

Oui, nous avons même proposé des offres presque trop tôt pour leur trouver un public intéressé! Mais nous essayons de servir d’exemple aujourd’hui encore. Notre établissement est membre fondateur de Swiss Sustainable Finance dont les objectifs consistent à promouvoir l’intégration de la durabilité et de l’éthique dans la gestion de fortune et de faire de la Suisse le centre mondial des services financiers durables. Enfin, notre établissement propose à ses clients des mandats en investissement responsable. Ces mandats ont pour objectif de prendre en considération, dans les processus d’investissement, les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) des sociétés composant le portefeuille de titres de nos investisseurs. Depuis 2018, la Banque offre des investissements d’impact disponibles en mandat mais également au travers d’un fonds de placement.

Et vous êtes certifiés B Corp!

Effectivement, la Banque Bonhôte est certifiée B Corp. Cette reconnaissance, considérée comme l’une des plus avancées au monde dans le domaine de la responsabilité sociale et de la durabilité, crédibilise l’engagement au quotidien de l’établissement en faveur de la planète et de la société dans son ensemble.

L’entrée de l’établissement à Neuchâtel ressemble à un véritable musée d’art contemporain, quelle est l’implication de la Banque dans ce domaine?

C’est une question de goût collectif chez nous. La Fondation Bonhôte pour l’art contemporain a été créée à Neuchâtel pour soutenir l’art contemporain sous toutes ses formes, en y apportant notamment une aide financière. Son engagement est plus particulièrement dédié à la promotion d’artistes et/ou de manifestations en Suisse particulièrement dans les régions où la Banque est présente. La fondation entend ainsi contribuer au développement d’activités créatives, voire d’avant-garde, dans sa région. Mais je précise que les œuvres d’art qui décorent nos murs ne font pas partie de la collection de la Fondation Bonhôte pour l’art contemporain.

Quelle est votre lecture du phénomène bancaire suisse de l’année passée, la disparition de Credit Suisse?

C’est une très mauvaise nouvelle à mon avis. La sécurité du droit suisse et la garantie de la propriété ont été mises à mal. Mais la place financière helvétique conserve une saine diversification dans la gestion de fortune et nous restons très bien placés dans la course.

Vous considérez donc que la Suisse bancaire reste forte?

Évidemment. Nous avons fait nos devoirs avant les autres notamment dans la lutte anti-blanchiment. Cela apporte à notre pays aujourd’hui un avantage comparatif évident. On ne vient plus cacher son argent en Suisse, c’est fini depuis longtemps.

En conclusion, comment présenteriez-vous la Banque à nos lecteurs?

Je dirais que l’homme est au centre dans la Banque Bonhôte, que ce soit au niveau de la clientèle ou des collaborateurs. Cela tient de notre responsabilité.

Yves de Montmollin en bref

• Licence de l’Université de St-Gall (HSG) et diplôme de l’Institut de formation de gestionnaire de patrimoine à Genève.

• Il a fait partie du cabinet du Conseiller fédéral Villiger alors président de la Confédération.

• Ancien collaborateur du Conseiller fédéral Ogi.

• Ancien sous-directeur à la Banque privée Edmond de Rothschild SA où il travaille de 1998 à 2004.

• En 2004, il rejoint la Banque Bonhôte & Cie SA et en devient le directeur général en 2014.

Alan Roura, partenaire sportif

La Banque Bonhôte & Cie SA accompagne le navigateur suisse Alan Roura vers sa conquête de l’Everest des mers. Marin passionné et entrepreneur déterminé, Alan Roura incarne l’esprit de la Banque. Une aventure à taille humaine, un projet suisse, une Formule 1 des mers à la technologie durable avec une autonomie énergétique totale pour une campagne océanique de trois ans menant au Vendée Globe 2024-2025. Sur l’eau comme en matière d’investissements, la préparation et l’anticipation sont des facteurs clés de la performance et du succès.

ENCADRE

«Bonhôte Impact» s’aligne sur les objectifs de développement durable établis par l’ONU

La Banque privée Bonhôte & Cie SA propose une offre, libellée «Bonhôte Impact», qui vise à délivrer un impact social et environnemental positif en investissant dans des secteurs et des thématiques répondant aux grands défis planétaires tels que le soutien à des solutions contre le réchauffement climatique, une contribution au développement économique dans les régions défavorisées, une utilisation efficace des ressources naturelles ainsi que l’accès à la santé et à l’éducation. Le ciblage de cet impact s’aligne notamment sur les Objectifs de développement durable établis par l’ONU en 2015. La qualité durable des investissements est vérifiée et l’impact généré est quantifié au travers de mesures chiffrées, avec l’aide de Conser, son partenaire.