Comment gérer l’incertitude en matière d’investissements ?
décembre 30, 2022Anton Sussland
Founder & Managing Partner
Sussland & Co SA
La majorité des personnes apprécient une certaine stabilité dans leur environnement, notamment dans leur cadre de travail. Les marchés financiers sont par nature imprévisibles. Ce qui peut être juste le matin, peut être faux le soir. Une hypothèse de travail raisonnable un jour, peut devenir caduque le lendemain. C’est une des raisons pour lesquelles la plupart des gens n’ont aucun intérêt pour les marchés financiers : ceux-ci manquent un caractère de prévisibilité. Les professionnels doivent néanmoins faire face à cette incertitude, et en même temps, ils sont confrontés aux clients, qui peuvent, selon la situation des marchés, exprimer une forte inquiétude, voire un sentiment de panique.
Les professionnels sont ainsi pris en étau, ce qui peut provoquer un sentiment inconfortable. L’histoire démontre que la plupart du temps, les professionnels vont succomber à la pression combinée des marchés financiers et des clients, et finir par vendre dans les creux de marché. L’adage de l’investissement « contrarian » qui dit que « la majorité des investisseurs vont vendre au pire moment et en même temps » est ainsi observé de manière systématique sur les marchés financiers, et ceci depuis la nuit des temps.
Une situation inédite?
On a ainsi vu la plupart des analystes et stratégistes dire que, pour des raisons diverses, « la fin du monde boursier était arrivée », et que la situation actuelle, toujours « inédite » et « jamais vue auparavant » justifiait de tout vendre et à n’importe quel prix. Par souci de crédibilité, ceci est toujours présenté comme « une réduction du risque compte tenu du contexte géopolitique et macroéconomique hautement incertain ». Ca fait plus sérieux que de dire que l’on n’a aucun idée de ce qu’il faut faire et qu’on est en état de panique !
Cette attitude a ainsi amené les investisseurs à vendre les actifs financiers au plus bas lors de la crise de LTCM et du défaut russe de 1998, lors des attentats du 11 septembre 2001 et de la crise de 202/2003, lors de la crise financière en 2008/2009, lors de la crise de la dette souveraine en Europe en 2010/2012, et plus récemment en 2018 lors de la guerre commerciale entre Etats-Unis et Chine, ou en mars 2020 lors de la pandémie. A chaque fois, un évènement extraordinaire et imprévu sert de prétexte pour vendre des actifs à des prix au tapis, alors que, l’histoire le démontrant de manière claire, il aurait mieux fallu ignorer l’opinion dominante et conserver les positions, voire acheter.
La situation actuelle, avec la guerre en Ukraine, l’inflation et les problèmes de pénurie n’est ainsi absolument pas différente de ce que l’on a vu au cours des décennies passées. L’inflation dominait les préoccupations des investisseurs en 1974 (point bas des marchés) alors que la guerre en Iraq de 1991 (point bas des marchés) avait nourri les inquiétudes sur les pénuries en matière de pétrole. Ceci étant exposé, comment peut-on répondre à la question posée en titre de cet article ? Comment peut-on gérer l’incertitude en matière d’investissements ? La réponse à cette question est simple. L’investisseur doit se focaliser sur l’essence même de l’investissement, à savoir l’analyse fondamentale des sociétés, et la valorisation d’actifs financiers. Personne ne savait ce qui allait se passer avec le covid-19. Mais on pouvait analyser le modèle d’affaires de sociétés comme L’Oréal, LVMH, ou Nestlé, et arriver à la conclusion que ces sociétés aller demeurer des leaders dans leur domaine d’activité, et que les cours des actions allaient se reprendre tôt ou tard en raison de valorisations attrayantes.
Les résultats des sociétés pour le troisième trimestre 2022 ont été meilleurs qu’attendus
Aujourd’hui, quelle est la situation factuelle et objective ? Les résultats des sociétés pour le troisième trimestre 2022 ont été meilleurs qu’attendus,Les résultats des sociétés pour le troisième trimestre 2022 ont été meilleurs qu’attendus, tant en matière de bénéfices que de chiffre d’affaires, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe. Les valorisations des actions et des obligations reflètent une situation de forte contraction économique qui n’est ni présente dans les chiffres publiés, ni prévue par la majorité des économistes. L’inflation, qui hante les stratégistes, a commencé à baisser, et les composantes de celle-ci montrent une amélioration qui devrait s’accélérer dans le futur. En effet, après les baisses de prix dans les matières premières et les prix du transport, on commence à voir les signes de premières baisses dans les coûts du logement, et les plans de licenciement qui commencent à se répandre, vont rapidement mettre fin à l’inflation salariale. Les prix à la production en Chine sont en baisse pour la première fois depuis plus de deux ans, ce qui va se refléter dans les autres pays avec un décalage dans le temps de quelques mois.
« L’investisseur doit se focaliser sur l’essence même de l’investissement, à savoir l’analyse fondamentale des sociétés, et la valorisation d’actifs financiers.»
Qu’une action comme Atlassian baisse de 30% en une seule séance est parfaitement normal. Le titre se traite avec un ratio PE de 60x les bénéfices attendus sur 2023, et la société est dans un domaine extrêmement compétitif dans les logiciels informatiques. On ne peut pas garantir qu’elle puisse résister à des concurrents comme Microsoft sur la durée.
Par contre, qu’une action comme Holcim se traite avec un ratio PE de 11x les bénéfices et paie un dividende de 4.6% ne paraît pas normal. Le marché a remarqué ceci, et les actions de Holcim on progressé de 15% depuis la fin du troisième trimestre !
En fait, la situation actuelle offre des opportunités remarquables pour l’investisseur qui se focalise sur les fondamentaux des entreprises et les valorisations. Des investisseurs comme Warren Buffet disent ceci depuis des décennies. Il faut les écouter, et ignorer le « bruit ambiant » qui transpire la peur. La correction du marché est terminée selon nous, et un rallye boursier important se profile.
Qui ose gagne !
Anton Sussland
Founder & Managing Partner
Sussland & Co SA
Titulaire du diplôme fédéral d’expert-comptable et du diplôme fédéral d’analyste financier et gestionnaire de fortune, Anton Sussland est fondateur de la société Sussland & Co S.A. Cette société est active dans la gestion de fortune et l’asset management et a mis en œuvre une gestion d’actifs où les critères d’inclusion des femmes et de diversité sur la place de travail font partie intégrante du processus de sélection des titres. Dans ce cadre Sussland & Co, gère des mandats et des produits financiers avec actions de sociétés mondiales promouvant l’inclusion et la diversité dans le monde du travail. La société offre des services de conseils en investissement aux particuliers et aux intermédiaires financiers.